Troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan : La France a 6 jours pour sauver l’Océan !

Abri d’une majeure partie de la biodiversité terrestre, recouvrant plus de 70% de la planète et produisant 50% de notre oxygène, et captant 30 % du gaz carbonique que l’on rejette, l’Océan est la source de vie de l’Humanité. Tout comme les forêts, les mers et océans constituent ainsi un outil incontournable de la lutte engagée contre le dérèglement climatique. Il est aussi la source principale de protéines pour plus d’un milliard de personnes et un secteur majeur de l’économie mondiale, employant près de 40 millions de personnes à travers le monde (dont 4.5 millions en Europe).

Pourtant, mers et océans sont menacés depuis plusieurs dizaines d’années par des activités humaines non ou mal régulées : déchets industriels, déchets plastiques, disparition d’une partie de la biodiversité marine à cause des déchets plastiques, ou encore érosion des fonds marins générés par la pêche industrielle intensive.

Ainsi, les excès productivistes et les insuffisantes régulations ont amplifié des crises qui affectent durement nos territoires côtiers, et plus particulièrement nos territoires ultramarins : érosion du trait de côte, submersion marine, épuisement des ressources, fragilisation des filières conchylicole et aquacoles, prolifération d’espèces invasives ou encore pollution au chlordécone. Leurs effets ont des conséquences dramatiques sur la santé humaine et sont désastreuses pour les activités économiques locales, notamment pour la pêche artisanale. 

L’humanité doit changer son rapport à l’Océan car le constat est irréfutable : notre santé et notre survie sont intimement liées à la préservation et à la restauration des écosystèmes marins.

Malgré la mise en place d’un certain nombre de mesures visant à le protéger des effets néfastes de certaines de nos activités (telles que la création d’aires marines protégées), les résultats ne sont toujours pas à la hauteur des enjeux en l’absence de contrôles effectifs et de sanctions dissuasives.

C’est dans ce contexte que, 10 ans après la COP 21 ayant abouti aux Accords de Paris, la France a l’honneur et la responsabilité d’accueillir, jusqu’au 13 juin, la 3ème Conférences des Nations Unies qui s’ouvrait aujourd’hui à Nice avec pour principal thème de travail « Accélérer l’action et mobiliser tous les acteurs pour conserver et utiliser durablement l’océan ».

Pays co-organisateur de cet évènement mondial majeur avec le Costa-Rica, la France qui compte 8 millions d’habitants vivant dans des communes littorales (hors estuaires), doit porter un discours fort et ambitieux, incarner une volonté d’agir et convaincre l’ensemble de la communauté internationale de s’engager à la définition d’objectifs clairs et d’outils concrets pour permettre à l’Océan de regagner en résilience.

Aucun sujet ne doit être éludé : pêche intensive et impact du chalutage sur les fonds marins, réduction des rejets marins, réduction du bruit sous-marin, interdiction de l’exploitation des ressources minières sous-marines au profit du développement d’énergies marines renouvelables, d’une gouvernance mondiale afin d’harmoniser les cadres règlementaires et d’un investissement massif dans l’économie bleue. Il en va de notre souveraineté.

Avec 18 000 kilomètres de littoraux, notre pays détient la deuxième zone économique exclusive (ZEE) du monde, en particulier grâce aux territoires ultramarins. A ce titre, la France se doit de se positionner comme leader européen et mondial de la transition du secteur maritime, en s’appuyant sur l’enseignement et les formations maritimes, les compétences techniques présentes dans nos territoires ainsi que sur des acteurs industriels de premier plan ( verdissement de la construction navale, énergies marines renouvelables ; éolienne, solaire, ou encore hydrolienne).

Dans un contexte géopolitique tendu, marqué par les élections de personnalités ouvertement climatosceptiques, comme Donald Trump, et la multiplication des conflits armés, la France ne doit pas trembler. La ratification du Traité sur la Haute Mer par une trentaine d’Etats (sur 60 attendus pour fin 2025), et la présence annoncée de 86 chefs d’Etats (contre 24 en 2022 à Lisbonne), de gouvernements ou de délégués, ainsi que près de 12 000 personnes issues de la communauté scientifique, d’acteurs économiques, de membres d’ONG ou de la Société Civile, démontrent une volonté claire de faire de cet évènement un acte majeur d’un tournant de la politique de protection de nos océans.

Le monde nous regarde. Soyons à la hauteur de cette attente, il en va de notre avenir à tous.