Gouvernance participative, transition écologique, aménagement du territoire, économie, développement durable. Tour d’horizon des dossiers portés par le nouveau Président de l’Agglopôle…
- Quel est votre sentiment, votre ressenti suite à votre élection du 13 mai 2025 ?
L’élection du 13 mai 2025 est pour moi un moment de grande responsabilité, et d’humilité. J’ai été élu pour achever un mandat engagé collectivement, dans un contexte particulier, et je mesure pleinement l’attente d’un fonctionnement apaisé, utile, et tourné vers l’intérêt général. Ce n’est pas une victoire personnelle, mais un engagement collectif que je prends au service de notre agglomération et de ses 14 communes.
- La collaboration entre les communes du Bassin de Thau est essentielle. Comment envisagez-vous le renforcement de la coopération intercommunale pour une gestion plus cohérente du territoire ?
La coopération intercommunale ne peut pas être un simple mot d’ordre : elle doit se traduire concrètement dans la manière dont nous élaborons nos projets, dont nous décidons, dont nous partageons les responsabilités. Je souhaite renforcer le rôle des maires, créer des espaces de dialogue permanents entre les communes, et faire en sorte que chaque territoire se sente respecté, écouté, et pleinement associé aux grandes décisions. C’est tout le sens de ma présidence.
Je crois profondément à une intercommunalité de proximité, à une logique de co-construction : permettre à chacun d’avoir les moyens d’agir, selon ses besoins, ses atouts, et ses habitants.
- Vous avez été impliqué dans des balades citoyennes autour de l’étang de Thau pour réfléchir à l’aménagement du territoire. Comment ces initiatives renforcent-elles la démocratie locale et l’implication des habitants ?
Les balades citoyennes autour de l’étang de Thau sont bien plus que des moments symboliques : elles traduisent une méthode de travail qui repose sur l’écoute, la proximité, et la co-construction. Face aux défis climatiques, à la pression urbaine ou aux fractures territoriales, nous ne pouvons pas penser l’aménagement du territoire seuls. Il faut croiser les regards, prendre le temps d’expliquer, de débattre, d’imaginer ensemble. Ces balades permettent justement de faire émerger des propositions concrètes, ancrées dans le vécu des habitants, et de reconnecter les décisions publiques à ce qui fait sens localement.
C’est une conviction forte : il ne peut pas y avoir de transition écologique sans transition démocratique. Associer les habitants à l’élaboration des politiques publiques, ce n’est pas ralentir l’action, c’est lui donner de la légitimité, de la pertinence, et souvent de la créativité. Ces démarches participatives, nous allons les amplifier : elles seront au cœur de notre manière d’agir. Une agglomération vivante, c’est une agglomération où les citoyens ne sont pas seulement consultés, mais réellement écoutés.
- Le Projet Partenarial d’Aménagement (PPA) vise à anticiper le recul du trait de côte et la montée du niveau de la mer. Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confronté dans ce domaine ?
Le recul du trait de côte n’est plus une hypothèse lointaine, c’est une réalité qui va structurer l’avenir du Bassin de Thau. Il nous faut donc collectivement entrer dans une logique d’anticipation et d’adaptation. Cela suppose un vrai travail d’acculturation pour comprendre les enjeux physiques, mais aussi les conséquences humaines, économiques, patrimoniales que cela implique. On ne peut pas penser l’adaptation uniquement en ingénieurs ou en juristes. Il faut d’abord la penser comme un projet collectif : comment vivre ici demain ? Qu’est-ce qu’on protège, qu’est-ce qu’on transforme, et dans quel horizon de temps ?
Ensuite, l’autre défi majeur est d’ordre opérationnel et juridique. Nous avons besoin d’outils souples, adaptés, pour accompagner les collectivités dans la transformation de leur urbanisme, pour sécuriser les habitants, pour accompagner des projets de relocalisation d’activités ou de logements, pour faire émerger de nouveaux modèles d’aménagement. Le Projet Partenarial d’Aménagement vise précisément à répondre à cela : créer une stratégie d’intervention partagée, mobiliser de l’ingénierie, construire des scénarios, et surtout nous donner les moyens d’agir. Nous avançons pas à pas, avec méthode, en veillant toujours à associer les citoyens, car cette transition ne sera ni juste ni durable si elle se fait sans eux.
- Comment envisagez-vous la transformation du lido de Frontignan-Plage, directement concerné par l’érosion du littoral ?
La transformation du lido de Frontignan-Plage est l’un des enjeux les plus emblématiques de notre territoire face aux effets du changement climatique. Nous savons aujourd’hui que l’érosion du littoral y est déjà à l’œuvre, et qu’elle s’accélérera dans les prochaines années. Il s’agit donc de penser une mutation maîtrisée, progressive, qui prenne en compte à la fois les risques, les usages et les attachements des habitants. Cela suppose de ne plus raisonner en termes de défense, mais bien en termes d’adaptation.
Concrètement, cela implique de construire un scénario partagé pour Frontignan-Plage, en associant les habitants, les acteurs économiques, les scientifiques, les services de l’État. Ce que nous voulons porter, c’est un projet de territoire à la fois lucide et mobilisateur, qui permette d’imaginer d’autres formes d’habitat, d’autres usages du littoral, tout en valorisant les atouts de ce site exceptionnel. Ce projet ne pourra réussir que s’il s’inscrit dans une temporalité adaptée, s’il est financé correctement, et s’il permet à chacun d’y trouver sa place.
- Le « Pôle Croissance Bleue » vise à faire de Sète un leader de l’économie bleue en Méditerranée. Quels projets spécifiques comptez-vous développer dans ce domaine ?
Le « Pôle Croissance Bleue » est une formidable opportunité de conjuguer développement économique et transition écologique, en capitalisant sur les savoir-faire maritimes du territoire. Il ne s’agit pas seulement de renforcer des filières existantes, comme la pêche ou la conchyliculture, mais aussi d’ouvrir de nouvelles perspectives : énergies marines renouvelables, biotechnologies bleues, innovations liées au traitement de l’eau, à la dépollution ou encore à la surveillance environnementale. Ce que nous voulons construire à Sète et autour de l’étang de Thau, c’est un écosystème d’innovation et d’excellence, capable de créer de l’emploi durable et qualifié, en lien étroit avec les centres de recherche et les formations locales.
- Avec un budget de 243,4 M€ en 2025, comment assurez-vous une gestion financière équilibrée tout en poursuivant les objectifs de transition écologique ?
Avec un budget de plus de 243 millions d’euros, notre responsabilité est double : répondre aux urgences sociales et environnementales, tout en assurant une trajectoire financière solide et crédible. C’est tout le sens de notre engagement pour une gestion rigoureuse, attentive à chaque euro dépensé. Nous faisons le choix d’un investissement utile, ciblé, priorisant les projets qui ont un impact concret sur la vie des habitants et sur la transformation écologique de notre territoire. La maîtrise des dépenses de fonctionnement, la recherche active de cofinancements, l’optimisation de nos ressources sont autant d’outils que nous mobilisons pour préserver nos équilibres financiers.
- Quels sont, selon vous, les principaux défis à relever pour assurer un avenir durable et désirable pour les habitants du Bassin de Thau ?
Le premier défi, c’est celui de l’équilibre. Équilibre entre développement économique et préservation des ressources, entre dynamisme démographique et respect des paysages, entre attractivité touristique et qualité de vie pour les habitants. Le territoire du Bassin de Thau est convoité, riche de ses atouts, mais aussi vulnérable. Notre responsabilité est de refuser les logiques de court terme, et de construire un modèle qui tienne dans la durée. Cela suppose de penser chaque projet à l’aune de sa soutenabilité, de renforcer la résilience de nos infrastructures, de préserver la biodiversité exceptionnelle de l’étang et de ses alentours.
Le deuxième défi, c’est la cohésion. Une agglomération ne peut pas avancer durablement si elle laisse de côté certaines communes, certains quartiers, ou certaines catégories de population. Nous devons faire en sorte que chacun trouve sa place dans la transformation du territoire : les jeunes qui cherchent à se loger, les familles qui aspirent à des services publics de proximité, les entrepreneurs qui veulent innover sans dégrader l’environnement. Cela passe par plus de coopération entre les communes, mais aussi par une mobilisation active des habitants, à travers la concertation, la pédagogie, et la mise en débat des grands choix. Un avenir durable ne se décrète pas : il se construit collectivement.